Candidatures à la présidentielle du 12 avril : Les raisons des rejets et la controverse | Gabonreview.com | Actualité du Gabon |

Au Gabon, seulement quatre candidatures ont été jugées recevables sur les 23 examinées par la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (Cnocer). Les 19 autres ont été écartées pour divers motifs, notamment l’absence de la quittance attestant du paiement de la caution de 30 millions de francs CFA. Parmi les recalés, quatre figures politiques de poids dont l’exclusion suscite des interrogations. En particulier, celle de Michel Ongoundou Loundah intrigue.

Plusieurs acteurs ont été exclus de la course à la présidence. © GabonReview
Au Gabon où 19 candidats ont été écartés de la présidentielle après l’examen des dossiers par la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (Cnocer), les raisons de ces invalidations sont connues. La principale cause de ces exclusions reste l’absence de documents requis. Parmi les figures majeures écartées, on retrouve Pierre Claver Maganga Moussavou, candidat régulier aux présidentielles depuis 1993, sauf en 2005. Âgé de 72 ans, il a vu sa candidature rejetée en raison de la limite d’âge imposée par l’article 43 de la Constitution adoptée le 16 novembre 2024, fixant à 70 ans l’âge maximal des candidats à la présidence.
Non-respect des critères administratifs et des omissions qui interrogent
Bien qu’il ait contesté cette disposition, il n’a pas non plus fourni la quittance de dépôt de la caution, soulevant ainsi des interrogations : manque de moyens ou stratégie anticipant son exclusion inéluctable ? Jean Rémy Yama, quant à lui, a été exclu pour n’avoir pas joint à son dossier les documents d’état civil de ses parents, une exigence de l’article 170 du Code électoral. Son cas est particulièrement troublant, car il avait déjà dû faire face à la disparition de son propre acte de naissance juste avant la date limite des dépôts de candidature. Un étrange déjà-vu avec les documents de ses parents ?
De son côté, Bruno Ben Moubamba a été disqualifié pour de multiples manquements administratifs. Il n’a pas fourni plusieurs documents essentiels, dont sa déclaration manuscrite de candidature, son acte de mariage, son certificat médical, son certificat d’aptitude linguistique, sa photo d’identité, son récépissé de déclaration de biens, son certificat de résidence et la quittance de dépôt de la caution. Une accumulation d’irrégularités qui laisse penser qu’il savait pertinemment que sa candidature serait rejetée. Mais l’exclusion la plus surprenante reste celle de Michel Ongoundou Loundah.
Une exclusion politique ?
Président par intérim du parti Réappropriation du Gabon de son Indépendance pour sa Reconstruction (Réagir), il a vu sa candidature rejetée à la demande de son parti, en application de l’article 87 du Code électoral. Une situation qui révèle une fois de plus, les profondes divisions internes au sein de Réagir, en proie à de fortes tensions depuis la campagne du référendum de novembre dernier. Entre exclusion de certains et refus des autres, Réagir s’est naturellement effrité au point d’avoir d’un côté, François Ndong Obiang et ses partisans qui soutiennent la candidature d’Oligui Nguema et de l’autre, Michel Ongoundou Loundah et les autres qui veulent rompre avec ce système.
La Cour constitutionnelle arrivera-t-elle à trancher ce différent en faveur de ce dernier ? Toutefois, les candidats exclus disposent de 72 heures pour introduire un recours devant la haute juridiction, qui statuera dans un délai de huit jours. L’article 87 du Code électoral précise que «le bien-fondé de la contestation entraine le rejet de la candidature». En clair, si la contestation est jugée recevable, la candidature est définitivement rejetée. Une disposition qui suscite déjà des critiques et alimente les doutes sur l’équité du processus électoral, à moins qu’elle ait été mal écrite.