Changement de cap : les 7 piliers de la nouvelle gouvernance selon Oligui Nguema | Gabonreview.com | Actualité du Gabon |

En rupture affichée avec l’hyper-présidentialisme des décennies Bongo, le président Oligui Nguema imprime sa marque. Dans une circulaire présidentielle adressée au gouvernement, il décline une méthode de gouvernance inédite pour la nouvelle République, articulée autour de sept axes structurants. Tour d’horizon de cette feuille de route qui promet d’être à la fois rigoureuse, méthodique et sans concession.

Oligui Nguema : «Ce gouvernement est celui de la transformation. Il doit démontrer, par sa discipline, son efficacité et sa capacité à produire des résultats concrets, qu’il incarne bien la rupture attendue.» © GabonReview
Sous l’impulsion d’un président déterminé à tourner la page des dérives institutionnelles du passé, le Gabon semble s’engager sur la voie d’une gouvernance plus rigoureuse et mieux structurée. Adressée aux membres du gouvernement à peine installés, une circulaire présidentielle datée du 8 mai 2025 et ayant fuité sur les réseaux sociaux, se présente comme un véritable manuel de conduite pour une action publique réformée, débarrassée des lourdeurs anciennes et recentrée sur l’efficacité. Elle fixe un cap clair : faire de l’État un levier de transformation tangible au service du bien commun.
- Efficacité, Célérité et Professionnalisme : la nouvelle matrice opérationnelle
Fini l’inertie administrative et les atermoiements bureaucratiques. Le président fixe désormais l’obligation de résultats mesurables, imposant à chaque membre du gouvernement d’agir vite, bien et avec compétence. La collégialité n’est plus une option mais une exigence : les décisions engagent tous les ministres, même ceux non directement concernés, pour garantir la cohérence et la lisibilité de l’action publique.
- L’Éthique gouvernementale, condition d’exemplarité
Au cœur du dispositif : une moralisation sans faille de l’action publique. Intégrité, transparence, respect de l’intérêt général, loyauté envers l’État et équité dans la gestion des ressources humaines deviennent les vertus cardinales exigées. À défaut, c’est la crédibilité même du gouvernement qui vacille. «On ne peut exiger des citoyens ce que l’on ne s’applique pas à soi-même», rappelle fermement Oligui Nguema.
- Une architecture de l’Exécutif au service des priorités présidentielles
Le centre de décision est clairement défini : la Présidence de la République. Le vice-président du gouvernement est chargé de coordonner les travaux interministériels, tandis que le Secrétariat général de la Présidence veille à la discipline administrative et à la qualité des actes produits. L’alignement sur les priorités présidentielles est non négociable ; aucune réforme, dépense ou initiative ne saurait échapper à cette ligne directrice.
- Une organisation interne des ministères normalisée et performante
Chaque ministère devra désormais fonctionner sur la base d’un modèle organisationnel standard : un Cabinet pour la stratégie, un Secrétariat général pour l’administration, une Inspection générale pour l’audit et le contrôle, des directions générales pour l’exécution technique, et des services dédiés pour les projets spéciaux. Cette nouvelle structuration vise à garantir la réactivité et la performance de l’administration.
- Un fonctionnement règlementé des instances gouvernementales
Deux organes clés structurent la décision :
- Le Conseil interministériel, présidé par le vice-président, qui prépare et harmonise les projets.
- Le Conseil des ministres, présidé par le Chef de l’État lui-même, seul habilité à statuer sur les grandes orientations stratégiques, les projets de loi, les conventions internationales et les nominations aux hautes fonctions.
Chaque projet soumis à délibération devra s’accompagner d’un dossier complet, sous peine d’être purement et simplement rejeté.
- Une culture de la redevabilité et du suivi rigoureux de l’action publique
Chaque ministère est désormais astreint à produire, sous deux semaines, une liste actualisée de ses projets prioritaires et réformes envisagées. Des rapports mensuels d’avancement seront exigés, consolidés et analysés lors de séminaires trimestriels de suivi, sous la présidence du Chef de l’État. Un rapport annuel de performance publique, rendu public, viendra sceller cet engagement de transparence.
- Discipline, Méthode et Exemplarité : les trois vertus cardinales
Dans un style sans ambages, le président Oligui Nguema sonne la fin de la désinvolture ministérielle et de l’amateurisme administratif. «Vous devez faire preuve de discipline, de méthode et d’exemplarité», ordonne-t-il, rappelant que cette rigueur est la condition sine qua non pour incarner la rupture tant promise. Chaque ministre est ainsi sommé de «respecter scrupuleusement les délais de transmission des dossiers, les procédures d’instruction des actes, la qualité des notes et des supports, ainsi que la préparation rigoureuse des interventions en Conseil».
Dans cet appel à la rigueur, l’exigence est claire : le gouvernement doit prouver par les faits, et non plus par les promesses, qu’il est bien celui de la transformation. «Ce gouvernement est celui de la transformation. Il doit démontrer, par sa discipline, son efficacité et sa capacité à produire des résultats concrets, qu’il incarne bien la rupture attendue», martèle le Chef de l’État dans sa note circulaire. Une mise en garde à peine voilée : dans la nouvelle ère qui s’ouvre, les actes parleront plus fort que les discours.
En clair, la circulaire du président ne se contente pas d’édicter des principes. Elle trace les contours d’une véritable révolution administrative, où la modernité de l’action publique doit se mesurer à l’aune de la performance et de l’intégrité. Reste à voir si l’appareil d’État, longtemps englué dans des pratiques obsolètes, saura s’ajuster à cette exigence de gouvernance de rupture.