L’UDB au seuil des élections : Capharnaüm | Gabonreview.com | Actualité du Gabon |

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À l’Union démocratique des bâtisseurs (UBD), chacun essaie d’avoir raison de l’autre, y compris par des méthodes déloyales. Cette situation ne sert pas les intérêts de Brice-Clotaire Oligui Nguéma.

Près d’un mois après son surgissement dans le paysage politique, l’UDB renvoie l’image d’une foire d’empoigne, où chacun essaie d’avoir raison de l’autre, y compris par des méthodes déloyales. © GabonReview (capture d’écran)

 

Le 5 juillet dernier, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) fut présentée comme «un édifice politique (…) guidé par une vision : celle de bâtir un pays prospère dont le socle doit rester l’unité nationale.» Dans la perspective des élections à venir, elle fourbit ses armes, son objectif étant d’asseoir son hégémonie sur la scène politique. Mais, de sources concordantes, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Partout, c’est la guerre des tranchées. Entre conflit de générations, luttes de positionnement entre transfuges du Parti démocratique gabonais (PDG) et/ou de l’ancienne opposition, exigences d’anciens acteurs de la société civile, l’ambiance est à la querelle de personnes. Pourtant, lors de son assemblée générale constitutive, son président-fondateur s’était voulu clair : l’UDB «doit être le point de ralliement de (…) tous ceux qui croient (…) en (…) un Gabon (…) tourné vers l’avenir et en la construction d’un citoyen actif recherchant le progrès

La grandiloquence ne dupe pas grand monde

En le proclamant, Brice-Clotaire Oligui Nguéma invitait à construire un parti de progrès. Avait-il été entendu ? Certainement. Avait-il été compris ? Pas sûr. Et pour cause : ayant fait carrière dans le mépris des règles démocratiques, les anciens apparatchiks du PDG ne peuvent s’approprier des notions comme la liberté d’expression, la tolérance ou la protection des droits individuels. Ayant migré dans le but de trouver des pâturages plus verts, les anciens cadres de l’opposition cherchent à s’assurer une place au soleil. Le même constat vaut pour les anciens militants associatifs, désormais peu diserts sur des thématiques comme l’éducation, la santé, la protection de l’environnement, la lutte contre les discriminations ou l’amélioration des conditions de travail. Quant aux jeunes, ils croient leur heure venue, se montrant peu disposés à prendre le temps de concevoir la société de leurs rêves.

De par leurs agissements, les démocrates bâtisseurs laissent le sentiment de n’être mus ni par des considérations éthiques et morales ni par la nécessité de transformer les structures sociales et politiques du pays. Certes, certains comme Paul Biyoghé Mba disent vouloir écrire «une nouvelle page de l’histoire (…) afin de bâtir (…) un édifice nouveau, un Gabon qui abrite, protège et promeut». Certes, d’autres, à l’instar de Bertrand Zibi Abeghé, affirment œuvrer à la construction du «plus grand parti d’Afrique». Mais cette grandiloquence ne fait pas illusion. Elle ne dupe pas grand monde non plus.  D’abord, parce que la plupart des hiérarques de l’UDB n’ont jamais brillé par leurs idées, mais par un art consommé de l’intrigue et de la manipulation. Ensuite parce que beaucoup d’entre eux ne se sont jamais illustrés par une ouverture à autrui, mais un sectarisme à hérisser le poil. Enfin parce que personne parmi eux ne semble prêt à se regarder dans la glace, à répondre de ses actes ou à demander à être jugé sur ses états de service.

Pas totalement maître de son destin 

Près d’un mois après son surgissement dans le paysage politique, l’UDB renvoie l’image d’une foire d’empoigne, où chacun essaie d’avoir raison de l’autre, y compris par des méthodes déloyales. Or, son président-fondateur n’a eu de cesse d’exhorter ses coreligionnaires à «porter haut les valeurs républicaines et morales telles que définies par la Constitution de la Vème République», notamment le travail, le mérite et la redevabilité, d’une part, le dialogue et l’esprit de consensus, d’autre part. À l’épreuve des faits, un constat s’impose : ces recommandations n’ont pas du tout été intégrées par les élites de ce parti. Du coup, l’on se demande si les objectifs seront atteints et à qui tout cela profite. Mais, une chose est certaine : ce capharnaüm ne sert pas les intérêts de Brice-Clotaire Oligui Nguéma. Bien au contraire.

La naissance de l’UDB était censée marquer «le début d’une ère nouvelle». Elle était supposée redonner à la politique ses lettres de noblesse. À quelques encablures des prochaines élections législatives et locales, on est loin du compte. Certes, du fait de son lien ombilical avec le président de la République, ce parti suscite un grand intérêt, cristallise l’attention. Certes, il demeure le seul à avoir officiellement des prétentions sur l’ensemble des sièges aux législatives et aux locales. Mais, il n’est pas totalement maître de son destin : en fonction du dénouement du vaudeville en cours au PDG, certains de ses candidats putatifs peuvent se retrouver frappés d’inéligibilité. Or, du côté de l’ex-parti unique, rien n’est encore joué. Puisse chacun en tirer enseignements et conséquences.