Trésors publics de la Cemac : des mesures concrètes pour une gestion plus efficace des finances publiques | Gabonreview.com | Actualité du Gabon |

Trésors publics de la Cemac : des mesures concrètes pour une gestion plus efficace des finances publiques | Gabonreview.com | Actualité du Gabon |

 

 

Réunis à Libreville du 3 au 6 mars 2025, les responsables des Trésors publics des États membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont tenu la 13ᵉ session du Cadre permanent de concertation (CPC-TP CEMAC). Présidée par Luther Steeven Abouna Yangui, Directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor du Gabon, cette rencontre a été marquée par des échanges approfondis sur les défis budgétaires, la gestion des risques et le développement des marchés financiers de la sous-région.

Selon Luther Steeven Abouna Yangui, la gestion rigoureuse des risques souverains est un impératif pour la solidité de nos économies. © GabonReview

 

À l’issue des travaux, des recommandations ambitieuses ont été formulées pour améliorer l’efficacité des dépenses publiques, renforcer la résilience économique et bâtir un marché financier plus robuste et inclusif. Durant quatre jours, les discussions ont permis d’examiner en profondeur les défis actuels et d’identifier des pistes d’amélioration pour une meilleure gestion des finances publiques au sein de la Cemac. Trois grandes thématiques ont structuré les échanges.

La première a porté sur l’efficacité des dépenses publiques. Face aux contraintes budgétaires croissantes, les participants ont souligné l’urgence d’optimiser l’allocation des ressources en rationalisant les dépenses. L’accent a été mis sur la transparence et la redevabilité dans la gestion des fonds publics, conditions essentielles pour maximiser l’impact des investissements et assurer une meilleure gouvernance financière.

La deuxième thématique s’est focalisée sur la gestion des risques budgétaires. Dans un contexte économique marqué par des incertitudes, les experts ont insisté sur la nécessité d’adopter une approche proactive afin d’anticiper et d’atténuer les chocs exogènes. La quantification rigoureuse des risques a été identifiée comme un levier stratégique pour garantir la soutenabilité de la dette publique et préserver la stabilité macroéconomique des États membres.

Enfin, la troisième thématique a concerné le développement des marchés des valeurs du Trésor. Il est apparu indispensable de renforcer les marchés financiers locaux afin de réduire la dépendance aux financements extérieurs. Pour cela, les participants ont recommandé une amélioration de la régulation et de la transparence du marché des titres publics, dans le but de stimuler la confiance des investisseurs et d’assurer un financement plus pérenne des économies de la sous-région.

Limiter l’exposition des banques aux titres souverains

© GabonReview

L’un des enjeux majeurs soulevés lors de cette session a été l’exposition des banques commerciales aux titres souverains, qui constitue un risque systémique pour la stabilité du secteur financier.

Pour y remédier, plusieurs mesures ont été proposées, notamment le renforcement des fonds propres des Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT) afin de sécuriser leurs transactions et limiter les risques liés aux titres publics. De plus, le respect strict du cahier des charges des SVT a été jugé primordial pour garantir une discipline accrue sur le marché et éviter les pratiques à risque.

Les participants ont également préconisé une transparence accrue des SVT, avec la publication régulière d’informations détaillées sur leurs actifs en titres d’État. Par ailleurs, la diversification des investissements bancaires a été recommandée afin de limiter la concentration des risques et d’encourager les établissements financiers à explorer d’autres instruments d’investissement.

Pour garantir l’application effective de ces règles, des sanctions disciplinaires et pécuniaires sont envisagées à l’encontre des banques qui ne respecteraient pas les normes de division des risques, sous l’égide de la Commission bancaire de la Cemac. À ce sujet, Luther Steeven Abouna Yangui a insisté sur la nécessité d’une action rapide et concertée : «La gestion rigoureuse des risques souverains est un impératif pour la solidité de nos économies. Nous devons renforcer les mécanismes de surveillance et d’encadrement afin de préserver l’équilibre de notre système bancaire».

Élargir la base des investisseurs institutionnels : un levier stratégique

Une autre priorité identifiée lors de cette session a été l’ouverture du marché des titres du Trésor à un plus large éventail d’investisseurs institutionnels. L’objectif est de réduire l’impact du risque souverain sur le secteur bancaire en diversifiant les sources de financement des États.

Ainsi, les participants ont plaidé pour une implication accrue des caisses de retraite, des compagnies d’assurance et des fonds de pension. Ces acteurs disposent de ressources stables à long terme et pourraient contribuer à un rééquilibrage du marché des titres publics. Une participation plus large de ces institutions permettrait non seulement de mieux répartir les risques, mais aussi de garantir un financement plus pérenne des économies de la Cemac.

Sur ce point, Luther Steeven Abouna Yangui a souligné : «La diversification de la base des investisseurs est une nécessité absolue pour assainir le marché des valeurs du Trésor et offrir des alternatives solides aux banques».

Lois de finances 2025 : un équilibre à préserver

Les travaux de cette 13ᵉ session ont également permis aux États membres de présenter leurs Lois de finances pour l’année 2025. Chaque budget a été passé en revue à travers le prisme de ses priorités stratégiques et des défis liés à sa mise en œuvre.

Les discussions ont mis en évidence les efforts des gouvernements pour maintenir un équilibre budgétaire tout en répondant aux exigences de développement. Les experts ont particulièrement insisté sur la nécessité d’une gestion budgétaire prudente et efficace, afin d’éviter toute dérive pouvant compromettre la stabilité financière des États.

Par ailleurs, une meilleure planification des dépenses publiques et une allocation plus rigoureuse des ressources ont été recommandées, en veillant à ce qu’elles soient alignées sur les objectifs de développement de la sous-région.

En clôturant cette 13ᵉ session, Luther Steeven Abouna Yangui a tenu à rappeler l’importance d’une coopération régionale forte pour assurer la mise en œuvre effective des recommandations adoptées : «Cette session a permis de réaffirmer une vérité fondamentale : la coopération et la solidarité entre nos États membres sont les clés de la résilience et de la prospérité collective. Nous devons conjuguer nos efforts et mutualiser nos ressources pour bâtir un marché financier robuste, inclusif et résilient».

Il a également exprimé sa gratitude envers l’ensemble des participants et les partenaires techniques, notamment le FMI/AFRITAC Centre, dont l’expertise a contribué à enrichir les échanges. Reste désormais à transformer ces engagements en actions concrètes pour garantir un avenir financier plus stable et durable aux États de la Cemac.